Janvier 2019 – Point mission

On s’est prêté au jeu du bilan de mission pour Claire Amitié, afin que quelques extraits permettent d’alimenter le journal de l’association : LA LETTRE AUX AMIS.

Déjà envoyée au format papier, elle n’est pas encore sur le site.

C’était déjà il y a 3 mois… mais on vous le partage quand même, bonne lecture !

PS : Si vous voulez faire un don à l’association, sachez que de nombreux projets de développement sont en attente de financement. On recherche 27 000 Euros pour les travaux d’entretien du bâtiment actuel. 5000 ont été financés via une Cagnotte KissKiss BankBank. 22 000 Euros sont encore en attente. A votre bon cœur (pensez aussi aux défiscalisations) !

Comment vous sentez-vous à Kaolack ?

Arrivés il y a maintenant 4 mois et demi, nous commençons à prendre nos marques. Les enfants à l’école et nous au foyer. Nous avons été accueillis avec énormément de gentillesse par la communauté Claire Amitié : Brigitte, Pauline et Rose. Et aussi toute la communauté catholique. Nous commençons à avoir quelques amis et la vie sociale qui s’installe est des plus appréciable !

Bien logés à quelques minutes du foyer, nous pouvons nous reposer au calme après la journée de travail. Les conditions de vie à Koalack ne sont pas évidentes : chaleur extrême, poussière, bruit, moustiques. Mais rassurez-vous, la chaleur est aussi humaine et nous sommes des plus heureux !!!

Louis, comment se passe ta mission tant attendue par toute l’équipe depuis des années ?

Ma mission est de construire un bâtiment. Ceux qui ont déjà travaillé dans ce domaine savent que la phase d’identification des besoins (exprimés ou non) est primordiale. Je m’y suis attelé dès mes première semaines avec Brigitte et toute la communauté. Les rencontres à Kaolack ont toutes orienté le choix de l’entrepreneur vers une entreprise réputée et fiable. Les devis ont été établis, les adaptations ont été décidée, puis tout a été prêt assez rapidement (octobre). On a tout de même attendu décembre pour démarrer car Kaolack a vécu un grand évènement : Le sacre de son nouvel évêque. Brigitte tenait à conserver le foyer sans travaux jusqu’à cet évènement. Le premier coup de pioche a donc été donné début décembre. Il y a donc maintenant un mois et demi. La première étape de destruction du bâtiment actuel a duré à peine 15 jours. L’équipe de 5 ouvriers a été redoutable d’efficacité, travaillant courageusement sous un soleil de plomb de 8h à 17h30, du lundi au vendredi, et aussi le samedi et le dimanche selon leur fatigue.

Depuis, les fondations ont été creusées, les poteaux coulés, les murs du RDC érigés. On a tout juste démarré le premier étage cette semaine. L’équipe s’est renforcée : ce sont maintenant 7 ou 8 ouvriers qui travaillent. Nous sommes impressionnés par

  • Leur force : ils font tout à la main, très peu de machines sur le chantier.
  • Leur habileté : pas d’échafaudage, ils calent des planches en bois pour grimper et monter les murs, fenêtres…
  • Leur précision : pas de niveau à bulle, ici on fait l’horizontalité avec un tuyau rempli d’eau. La verticalité c’est au fil à plomb… Parpaing après parpaing, le bâtiment se dresse vers le ciel.
  • Leurs compétences : tout est fabriqué sur place, système D, ils tordent les fers à béton, fabriquent les moules à béton en bois, les encadrements des fenêtres.

Nous confions cette équipe à vos prières : un travail manuel bien difficile vu les conditions locales.

En plus du bâtiment, je donne 2 cours d’informatique par semaine et je coach l’équipe des ainées avec Pauline., j’ai créé une page face book, et j’essaye de trouver des soutiens financiers locaux.

Ah oui, l’aspect financier, parlons-en : Un crowd funding va bientôt être lancé afin de financer des besoins à court terme du foyer et de la mission. Nous vous en dirons plus très rapidement.

Et toi, Amélie ?

Ma mission qui devait être plutôt administrative, en lien avec les relations siège-foyer a littéralement été liquidée par les réalités de terrain : pas de prof d’informatique depuis 1 an, personne pour assurer un des cours de français, et besoin d’un coup de pouce pour la cuisine. Me voilà donc transformée en prof plus de 20h par semaine… Finalement c’est une chance, car j’échange avec les filles quotidiennement, et il n’y a pas de meilleur moyen pour les rencontrer !

Au niveau des cours d’informatique, on est vraiment parti de zéro, avec des filles qui n’avaient jamais touché d’ordinateur de leur vie. On a fait des cours sur l’utilisation de la souris, on a changé les fonds d’écran, on a joué avec la taille des fenêtres, on a fait des dessins avec Paint… petit à petit on a commencé à taper des textes, à faire une jolie mise en forme, à utiliser les puces. Avec les meilleurs groupes, on sait maintenant faire des tableaux ! De beaux progrès qui font chaud au cœur, d’autant que les filles apprécient cette matière.

Pour le français, c’est un peu différent. Les filles qui ont arrêté l’école depuis quelques temps ne sont pas friandes de ces leçons à apprendre ni des exercices d’application… Mais c’est la vie ! Elles doivent passer par cette phase d’apprentissage de la langue qui est le meilleur outil de communication qui soit : conjugaison, orthographe, analyse de texte. On avance petit à petit.

La cuisine. Je garde le meilleur pour la fin ! Les filles savent chemiser un moule, émincer des oignons et les faire mijoter, réaliser une panure à l’anglaise…. Chaque semaine, on prépare une entrée, un plat et un dessert. Nous avons choisi des plats traditionnelles, des séances à thème, en adaptant légèrement les recettes quand les ingrédients ne se trouvent pas à Kaolack (courgettes, poudre de noix et noisette, feuilles de briques…). Ces cours sont vraiment un plaisir, on sent que les filles sont passionnées, on travaille et on s’amuse en même temps. Informel, ce temps est exceptionnel.

Comment est utilisé le potentiel du foyer ?

On observe au quotidien que chaque décision, est prise dans l’intérêt des filles. Toute l’équipe des animatrices et des monitrices est dévouée aux filles ! Les conditions sommaires ne font peur à personne : on fait avec les moyens du bord. Et ce qui ne manque jamais c’est la joie de vivre, l’envie d’être ensemble, le soutien apporté à chacune.

Ce qui est certain, c’est que chaque centime utilisé par le foyer répond à un besoin direct pour les apprentissages, la transmission du message de Maman Thérèse, le rayonnement du foyer dans la vie locale de Kaolack.

Quel constats faites-vous sur place ?

Notre premier constat est le côté indispensable du foyer Claire Amitié à Kaolack. On se rend compte au quotidien que l’argent manque cruellement dans les familles, c’est pour cette raison que la majorité des filles a arrêté l’école précocement. Grâce à Claire Amitié, elles repartent sur les routes de la scolarité et révèlent de fabuleux talents. De nombreuses familles ne sont pas en mesure de payer la totalité de la scolarisation, une solution est aménagée avec toutes celles qui en ont besoin : Claire amitié est vraiment tournée vers les plus pauvres.

Notre deuxième constat est l’importance de la formation humaine. Nous qui donnons des cours aux filles de 1ère, 2ème et  3ème années, on voit vraiment une belle évolution. Autonomie, créativité, bienveillance, prise de risque… ça grandit avec l’ancienneté chez Claire Amitié. Quel beau projet pour toutes ces filles qui seront demain des épouses, des mamans et les femmes de leur quartier. Claire amitié est une source pour le développement personnel.

Notre troisième constat est que jamais personne ne s’est plaint de quoi que ce soit. Ni de petits soucis, ni de véritables drames. A Kaolack, les conditions de vies sont vraiment difficiles, parfois nous avons le sentiment que la population est en survie quotidienne : depuis notre arrivée les maladies graves et les décès ont durement touché notre entourage. Face à cela, abnégation, force, prière… C’est édifiant pour nous, français, parisiens, les rois de la plainte ! On se laisse toucher, on se laisse transformer.

Notre dernier constat : les amitiés, la joie des filles d’être ensemble, les encouragements qu’elles se prodiguent, leurs réalisations professionnelles… on se rend compte que Claire Amitié, par la formation qu’elle délivre, révèle le talent enfoui au fond de chacune.

Nous sommes extrêmement fiers de faire partie de cette aventure un peu folle, mais tellement ancrée dans la réalité de terrain ! Exit la com, Exit la consommation, Exit les mondanités superficielles, Claire Amitié nous plonge au cœur de la vraie vie !

Merci à tous ceux qui participent à ce projet tellement fécond.

 

_______________________________________________________________

MEMO KAOLACK :

Sources : ANSD : Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie du Sénégal.(*source absolument personnelle d’Amélie et Louis !)

50% de chômage

46% de scolarisation (*et encore moins pour les filles !!)

50% d’alphabétisation (*et encore moins pour les filles !!)

61% de la population sous le seuil de pauvreté

Et bien pire… Le risque pour un enfant de décéder avant son premier anniversaire est de 53‰.

Le tout dans un climat désertique (* chez nous le vent s’appelle l’harmattan, chaud, sec et plein de sable) avec des températures moyennes mensuelles qui dépassent les 30°C (pas le max de la journée, hein, la moyenne entre le plus chaud et le plus froid ! *Par exemple, notre thermomètre a affiché régulièrement et des 45°C et 48°C, atteignant 57°C pour notre pire journée !!)

Laisser un commentaire