Janvier 2019 – Point mission

On s’est prêté au jeu du bilan de mission pour Claire Amitié, afin que quelques extraits permettent d’alimenter le journal de l’association : LA LETTRE AUX AMIS.

Déjà envoyée au format papier, elle n’est pas encore sur le site.

C’était déjà il y a 3 mois… mais on vous le partage quand même, bonne lecture !

PS : Si vous voulez faire un don à l’association, sachez que de nombreux projets de développement sont en attente de financement. On recherche 27 000 Euros pour les travaux d’entretien du bâtiment actuel. 5000 ont été financés via une Cagnotte KissKiss BankBank. 22 000 Euros sont encore en attente. A votre bon cœur (pensez aussi aux défiscalisations) !

Comment vous sentez-vous à Kaolack ?

Arrivés il y a maintenant 4 mois et demi, nous commençons à prendre nos marques. Les enfants à l’école et nous au foyer. Nous avons été accueillis avec énormément de gentillesse par la communauté Claire Amitié : Brigitte, Pauline et Rose. Et aussi Lire la suite

NGALAKH

Non le titre n’est pas une faute de frappe ! Le Ngalakh ? Il s’agit d’une tradition Sénégalaise à Pâques : les familles chrétiennes préparent un plat traditionnel appelé le Ngalakh (prononcer ngalarr), et le partagent avec tout leur entourage.

Apparemment la préparation est très longue, fruit d’années de traditions. C’est notre amie Rose qui m’explique cela. J’ose lui demander si je pourrai venir participer à cette préparation, elle accepte. RDV est pris pour le Jeudi Saint au soir, mais attention, ça prend toute la nuit.

Toute la nuit ? Oups… dans quoi me suis-je engagée !

Le Jeudi Saint arrive, première question : comment me rendre chez Rose ? Ici, il n’y a pas d’adresse… compliqué donc de trouver la maison ! Certes, nous avons déjà été chez Rose en Septembre, mais autant vous dire qu’il me sera impossible de retrouver la ruelle parmis tous les quartiers de Kaolack… Heureusement, finalement on ira ensemble après la célébration du Jeudi Saint !

On arrive, il est environ 21h.

Je suis impatiente de commencer. Pourtant pas question de démarrer le travail tout de suite.

Ici, on prend son temps. La priorité, c’est d’être ensemble. La soirée démarre donc par un bon repas familial : un très grand plat est préparé (70cm de diamètre). On y met un gros matelas de salade verte bine assaisonnée, 4 poissons frits, on agrémente de légumes cuits vapeur; quelques rondelles de tomates et concombres finiront la décoration ! Je n’ai pas pris de photo…

Le plat est posé sur une table basse à l’extérieur de la maison, nous sommes 9 à nous installer autours : Rose et son mari, sa sœur Anna et ses 2 filles, une amie Sophie, Ousmane un voisin, Emilie et moi-même. Un bénédicité est prononcé, puis « à l’attaque ». Au choix : fourchette ou avec la main droite. Je me sens un peu perdue car je ne connais pas encore correctement le savoir-vivre Sénégalais, donc je fais comme la maitresse de maison, avec la main… Heureusement, chacun est bienveillant à mon égard et je les sens un peu amusés de me voir préparer avec difficulté les petits paquets de salade. On se régale, la sauce est bien relevée aux oignons, mais sans piment !!!

Les blagues fusent, en wolof. Je ne comprends pas tout mais chacun est très joyeux. Puis « tu iras en enfer » sort en français ! je demande de explications : il s’agit du débat pour savoir qui fera le thé ce soir ! Sophie refuse car une fois qu’on est au travail ce n’est pas possible. Ousmane l’a déjà fait cet après-midi… finalement ce sera Ousmane ce soir aussi !

Certains ont jeûné aujourd’hui (et jeûneront demain aussi), pourtant le repas reste très équilibré et modéré.

On termine avec un morceau de pain qui permet de faire des petits sandwiches. Repus nous sommes ! Débarrassage rapide et ça y est, on démarre, il est environ 22heures. 2 autres femmes arrivent : Fatou une voisine et Aissatou une amie de longue date.

 

La préparation du Ngalakh a en réalité démarré depuis plusieurs semaines : achat des ingrédients, tamisage de la farine de mil, réalisation des grains de Arow, puis 2 cuissons successives à la vapeur. Cette dernière étape a été faite ce matin, à 3h. Rose doit être épuisée mais rine n’y parait : sourire et bonne humeur sont là ! 3 énormes bassines remplies de grains dorés et chauds nous attendent.

On s’installe dans la cour arrière de la maison, chacune a un grand saladier en inox ou une bassine, dans lesquels on met des grains  « secs » (5 gros écumoires) que l’on égraine avec 1 louche de beurre, 1 bol de sucre et un peu de sucre vanillé. C’est brulant au départ : c’est ça qui fait fondre le beurre. J’ai la main en feu, mais Emilie qui partage le même saladier que moi ne se plaint pas, elle plonge vigoureusement dans la semoule brulante et me demande de la laisser faire au début pour pas que je me brûle… Quelle gentillesse. Mes pauvres mains sont bien peu habituées à travailler : chez nous on utilise tout le temps un ustensile. Quand les grains sont correctement séparés, on ajoute des raisons secs, de la noix de muscade et de la noix de coco râpée et grillée dans du sucre. Dernier brassage avant que notre préparation rejoigne la bassine des « grains prêts », puis on recommence avec un nouveau saladier.

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Fatou me dit de prendre des photos, de filmer. On refait les scènes quand j’ai coupé avant la muscade. Rose explique pourquoi chaque geste, chaque ingrédients… Ici on partage son savoir-faire.

Chacun participe à son rythme. Ousmane nous apporte le fameux thé (à la menthe et très sucré). Chacune à notre tour, on boit un petit verre. Il fait chaud mais dehors un léger vent souffle. Ce soir, le ciel est noir on ne voit quasiment aucune étoile. La pleine lune laisse infiltrer sa lumière en éclairant quelques nuages, spectacle magnifique et effrayant. Ce soir c’est Jésus au jardin des oliviers oublié de ses disciples endormis. Nous, on veille !

Je ne sais pas combien de saladier on a égrainé, peut-être 8 ou 10 chacune ? Sachant que nous sommes nombreuses à travailler, la quantité est énorme ! Au départ les femmes sont habillées avec leur jolies robes traditionnelles, aux tissus multicolore. Petit à petit, les T-shirt apparaissent, et les pantalons courts ou les jean sortent des placards ! Finalement, on finit toutes en tenue « de travail ». Il est 23h30 quand on termine les grains.UNADJUSTEDNONRAW_thumb_58b2

Maintenant place au jus.

Rose a acheté 2 sacs et demi de « pain de singe » (il s’agit d’immenses sacs d’agriculteurs). Le pain de singe, pour ceux qui ne connaissent pas, c’est le fruit du baobab. Il est composé d’une écorce dure comme du bois qui protège une délicate chair complètement sèche : une sorte de poudre blanche agglomérée sur un réseau fibreux et des grains noirs.

 

On utilise une grande boite de conserve pour calculer la quantité : 10 boites de pain de singe dans une bassine, avec 80l d’eau. On mélange rapidement et on tamise pour jeter la première eau (qui est acide). On remet 80l d’eau et de la pâte d’arachide (un seau et demi). Que de manipulations. Je suis en admiration

On remplit 6 bassines de 80l, soit 480L en tout !!!

 

Puis vient le temps du brassage. On plonge son bras dans cette eau chaude (ici l’eau du robinet sort à 30-35°C), on malaxe la pâte d’arachide (texture nutella), on écrase les agglomérats de pain de singe. C’est tout doux, onctueux, chaud ! Je découvre cette sensation incroyable.

Je commence à avoir la main et le bras droit épuisés de ces mouvements. On malaxe, on malaxe… On va voir dans la bassine des voisines si c’est identique ou non. Réponse non : plus ou moins chaud, plus ou moins doux : plus la poudre de pain de singe s’est dissoute dans le jus, moins c’est doux : le réseau filandreux a été mis à nu !

Vers 1h30, c’est à peu près terminé, il faut maintenant retirer le réseau fibreux et les graines. Pour cela 5 étapes : d’abord on les retire grossièrement avec des paniers en plastiques percés de petits trous. Puis on passe dans une immense passoire en plastique. Enfin, on fera 3 tamisages fins dans des tamis de 70cm de diamètre. A chaque fois, on rince ce qui est resté dans le tamis et la bassine.

Au dernier tamisage le jus obtenu est lisse, sans aucune partie filandreuse, il est versé dans des grands futs : un de 200L, 2 de 100L et une grosse bassine de 80L.

Ousmane nous rejoint et soulève les immenses bassines de 80L (on commence quand même par les vider de quelques seaux).

C’est long, fatiguant, salissant… Mais chacun garde sa bonne humeur. On commence à tamiser à 1h30, on termine à 2h45.

A peine le dernier passage au tamis, c’est le ménage qui commence. Autant vous dire qu’en manipulant nos bassines, on ne a mis partout ! On dirait que les rôles ont été distribués à l’avance tant l’efficacité est grande ! Un premier passage de balais pour retirer les morceaux, puis un 2ème avec jet de seaux d’eau pour retirer le gras, la raclette et la serpillère. Hop hop hop, en 10 minutes, la terrasse est nettoyée.

Reste encore la vaisselle : un monceau de vaisselle, même pendant les camps scoute, je n’ai jamais vu autant de vaisselle : a notre vaisselle du Ngalakh s’ajoute celle du diner. On est partis pour 3 bains : grattage, dégraissage, rinçage. Je commence à être au-delà de la fatigue, mais apparemment je suis la seule (à part Sophie montre des signes de sommeil). Tous les autres continuent à s’activer. Emilie et Rose en tête de liste : à coup de tampon-jex elles frottent les immenses passoires, casseroles, marmites et autre… Penchées en avant car on travaille au sol. Pour ma part je suis privilégiée : on m’apporte un petit tabouret que j’accepte bien volontiers pour me soulager les jambes et le dos. 3h30 : vaisselle terminée !

On a maintenant 4 futs à épicer : sucre, sucre vanillé, fleur d’oranger et essence de coco permettront de relever le gout du jus. Comme le fut fait 200L et 1m de haut quasiment Rose a du commander une cuillère en bois de dimension spéciale au menuisier voisin. Elle l’appelle sa pagaie ! 1m20 de haut. Je brasse 3 minutes c’est épuisant : il faut aller gratter le fond pour bien mélanger le sucre.

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Savant dosage des arômes, chacun goute et donne son avis : un peu plus de ci, un peu plus de ça… je goute c’est excellent !!!

Les étapes sont quasiment terminées, il est 3h45 « je rends mon tablier »… épuisée, mais comblée d’avoir été accueillie si chaleureusement. Pour ces femmes, l’accueil est naturel ! On partage un savoir ancestral qui me parait d’une richesse exceptionnelle. Je me rappelle déjà nos vieilles dames françaises qui n’ont jamais voulu révéler leur recette du gâteau bidule car… c’est leur secret. Je ris en pensant à ça.

J’admire la gentillesse toute simple, la patience, le savoir faire-ensemble ici ! Puis-je en remporter un peu, puis-je ne jamais oublier cette expérience incroyable !

Merci Rose, Merci Emilie, Merci Sophie, Merci Anna, Merci Fatou, Merci Aissatou et Merci Ousmane.

4h15, je suis enfin dans mon lit !

Pour le reste de la troupe, la nuit continue : ils vont préparer des seaux de 5L avec des graines et disposer le jus dessus. Ils ne se coucheront pas.

A 7h, Rose appellera un taxi dans le coffre duquel elle mettra 20 seaux et elle partira faire sa tournée dans la ville pour distribuer les seaux à tous ses amis. Il lui faudra faire 2 tournées. Au total 80 familles recevront un seau de Ngalakh, à chaque fois 5 à 10 personnes dans la famille. C’est donc plus de 400 personnes qui apprécieront ce travail.

Rose espère terminer ses tournées vers midi, ce qui lui permettra de rentrer se laver avant de participer au chemin de croix vivant à 15h en plein soleil, puis à 18h30 à la cérémonie de vénération de la croix, le tout en jeûnant. Elle pourra enfin aller enfin se coucher en rentrant.

J’admire ce courage, cette énergie, cette joie…

Pâques se prépare dans les coeurs tous les jours de l’année ici !!!

Amélie

PS : réveillée par les enfants au petit matin, j’ai trouvé tout mon bras droit plein de courbatures. L’avant-bras et la main étant de loin les plus endoloris ! Petite nature je suis…

Petite réflexion sur l’autonomie

Voilà maintenant plusieurs mois que nous sommes installés à Kaolack, et nous avons atteint un niveau d’autonomie que nous qualifions « d’acceptable » : on sait faire nos courses, on arrive à s’alimenter, on a identifié les activités et on a quelques amis. Rien de bien incroyable me direz-vous, pourtant on revient de loin !!!

Hein ? Quoi ? me direz-vous ?

Je vous explique : quand nous sommes arrivés, nous avons été projetés sur une autre planète, sur laquelle nous ne retrouvions aucun de nos repères habituels. Kaolack c’est notre petite « Tatouin ».

La rue d’abord : En septembre les rues étaient emplies de flaques d’eau et de déchets, pas de trottoirs, des voitures, des charrettes, des Jakartas (scooters) partout… Le moindre déplacement (avec ou sans les enfants) nécessitait une vigilance de tous les instants, rendant assez décourageante la moindre sortie, même à quelques mètres du foyer !

Les températures ensuite : Nous avons quand même été assez assommés de chaleur et d’humidité les premiers jours. On l’a très bien vécu, mais maintenant qu’on a perdu une dizaine de degrés et l’humidité, on se rend compte qu’on est nettement plus actifs !

Les vêtements : une vraie question les premiers jours ! Comment s’habiller pour se protéger des moustiques, sans avoir trop chaud ? Quelles chaussures ? On étouffe en basket, mais en sandales on risque de marcher dans les flaques d’eau croupies et de subir les attaques des moutiques…

La gestion du temps : nous arrivions après une année professionnelle bien remplie, un déménagement, des vacances bien chargées… gonflés à bloc pour démarrer LA MISSION, et puis finalement la rentrée n’était que 1mois et demi après notre arrivée. Nous avons expérimenté la patience. Attendre… pour nous c’était perdre du temps, mais finalement ici, on a tout le temps qu’on veut. Nous avons appris à passer de l’impatience énervée à la patience tranquille (enfin en vrai : on apprend encore la patience).

Les modes de communication : Il nous a fallu quelques temps pour comprendre les codes relationnels. Ici, l’on est très souvent interrompu : vous êtes en réunion, si le téléphone de votre interlocuteur sonne, il décroche et discute tranquillement… un brin vexant ? Vous êtes à un comptoir, un autre client arrive, on vous délaisse pour s’occuper de lui… un brin agaçant ? Les premiers jours, oui ! Vexant, agaçant, humiliant. Enervant aussi car on perd du temps ! Mais avec le recul on comprend que :

  • Ici, le temps : on en a. Ce n’est donc pas une valeur précieuse.
  • Ici ce qui prime c’est l’accueil. L’accueil du nouvel arrivant. Au détriment peut-être de l’efficacité, de l’organisation, de notre vision de la justice et de la politesse. Mais l’accueil passe avant tout !

Les courses ensuite : impossible de retrouver des boutiques comme nous les connaissons, nous débarquions dans un marché tout à fait local, qu’il a fallu apprendre à apprivoiser (on en est encore loin !!). Mais les premiers jours : impossible de faire les courses pour nourrir les enfants : où aller et quoi acheter à quel prix ? De toutes manière, nous ne savions pas où trouver une banque pour tirer le moindre sou, donc…

Heureusement, la communauté Claire Amitié avait prévu de nous « prendre en charge » totalement.

Les premiers jours, on s’est vraiment sentis impotents et incapables de gérer seuls notre quotidien. On s’est sentis comme des vieux ou des handicapés dans une maison d’accueil, avec tout plein de gens qui prennent soin de nous. Pour la première fois de nos vies (en tous cas, de nos vies conscientes), nous nous sommes retrouvés dépendants.

Et bien, wahoo, ça fiche un coup.

En situation de dépendance, il ne nous reste qu’à accepter son sort, dans la confiance. A prendre les moments d’activité qu’on nous propose avec bonne humeur et enthousiasme, et à attendre tranquillement le reste du temps. Pas facile, mais bon pour l’humilité !

Conclusion :

On a envie de crier : « même si je suis incapable de rien faire, j’ai le droit d’exister ».

Même au fond de cette dépendance, la vie reste riche !

Amélie et Louis

PS : Un immense merci à la communauté Claire Amitié qui nous a gérés « comme des bébés » à notre arrivée. Et donné les codes vestimentaires, expliqué comment nous déplacer, prévenus des codes sociaux, introduits dans la communauté… Grâce à Brigitte, Rose et Pauline, nous avons pu acquérir notre autonomie locale (encore bien relative)!

PS2 : nous vous laissons transférer notre conclusion à d’autre situations de dépendance, tout à fait d’actualité !

Seule dans la savane

Cet après-midi, comme tous les mercredis, nous sommes allés chercher de l’eau chez les frères carmes de Ndiaffate.

carmes

Les frères sont installés à une petite vingtaine de km de Kaolack, en pleine nature. Leur monastère rose couleur terre se fond dans la nature : cette savane arbustive encore si verte en cette fin d’hivernage.

Louis commence à remplir nos bidons, les moines sont en train de préparer une adoration et sortent le Saint Sacrement. Je n’ose pas rentrer dans la chapelle mais décide de m’associer à leur prière en m’asseyant dehors, sur le parvis de la chapelle, derrière la grande porte.

Au loin les enfants jouent dans les allées du jardin, qui un papillon, qui un vers à dix mille pattes, qui un lézard à observer. Cela leur fait tellement de bien de jouer « sans contraintes », et à moi aussi de les voir courir, sauter et explorer.

Petit à petit la force du Saint Sacrement fait effet derrière la grande porte et la paix entre en mon cœur. Le silence intérieur s’installe pendant qu’autour la nature s’offre. Elle commence à sécher car il n’y a plus de pluie depuis plusieurs semaines, mais les restes d’humidité dans la terre offrent encore aux plantes une couleur verte. Le soleil tape de toute sa puissance, il doit faire un bon 40. Pourtant à l’ombre du monastère et sous un petit vent qu’on est bien!

Nous passons. Nous nous agitons. La nature est.

Immobile et assommée de chaleur au premier regard, la nature se révèle grouillante de vie à qui se donne la peine de l’admirer. En fond sonore, un bruit incessant, envoutant : criquets, roucoulements, battements d’ailes de multiples insectes et un muezzine au loin. Pendant que les frères adorent, l’œuvre  de Dieu est resplendissante.

Les enfants se sont un peu éloignés, la nature m’oublie.

Entendez-vous ces croassements puissants (ou aboiements ?? ou rires de sorcières ???)  ?  2 calaos passent en rase motte à quelques mètres, à fond de train. Ils se poursuivent, jeunes qui jouent ou mâles en compétition ? Ils se posent dans un manguier tout proche et re-décollent en criant de plus belle!

Calao à bec rouge

Ici : une idée du bruit des calao : https://www.youtube.com/watch?v=QnBI7NsPbhg

Pendant ce temps un brave scarabée se donne l’objectif de traverser la piste… rude épreuve au regard de la taille des cailloux par rapport à sa carapace (qui est déjà honnête: il donne dans les 4 bons cm). Puis un calme provisoire revient.

Soudain un avion de chasse me passe au ras de la tête, il ne s’agit finalement que d’une « grosse-mouche »  (entre guillemet car je ne l’ai pas vue, mais vu son bruit elle devait être copieuse…).

C’est ensuite au tour des merles métalliques de s’en donner à cœur joie! Un peu plus gros que nos merles, ils ont en plus une immense queue. Ils sont noirs, mais ont de magnifiques reflets bleu métallique qui luisent au soleil, un régal !

merle métallique

Voici un lien pour écouter leur cris/piaillement :

https://www.youtube.com/watch?v=sUPBrbNvqE8

J’en vois 5 débarquer du toit, vole en formation svp, et foncer sur la piste… ils visaient en réalité un gros varan que je vois filer à toute allure traverser la piste et disparaitre dans les herbes. La troupe de merles métalliques semble avoir raté sa cible, elle se pose dans un arbre, tous sur la même branche. Démarre alors un curieux manège : tels des groupies à un challenge de break-dance, les voilà qui se mettent à piailler en cœur et à faire chacun leur tour leur démo de piqués : un par un, ils plongent de la branche en direction des herbes (là où le varan s’est enfui), semblent toucher le sol du bec et remontent à la verticale rejoindre leur camarades sur la branche. Une vraie bande d’ados en train de jouer, sur fond de cris hystériques : on n’entend plus qu’eux dans la savane !

Derrière la porte je sais qu’Il est exposé, mais nul besoin de Le voir : Sa présence est partout quelle merveille. Tout exulte et chante dans ce jardin.

Puis, j’entend au loin la voix de Louis qui bat le rappel : les bidons sont pleins, on rentre. Fin de l’exploration pour les enfants, fin de ce doux moment pour moi.

A ce moment, je n’avais pas mon portable pour filmer, enregistrer, immortaliser la magie de ce moment… impossible de la réduire à un carré de quelques pixels.

Quand on se déconnecte d’un petit appareil, c’est à toute la création qu’on se re-connecte. Avec la manie de tout filmer on oublie qu’on peut rentrer dans le décor et faire partie d’un si beau spectacle.

Ne me reste finalement que ces quelques lignes pour vous partager cet instant ; mais en mon cœur tout reste gravé, une émotion vécue, une communion avec la création, une prière éternelle.

Amélie

PS : Un merci plus grand que tout aux frères carmes qui nous ouvrent leur porte sans restriction : toutes les semaines, nous allons remplir nos 10 bidons d’eau potable chez eux (soit environ 100 L qui nous permettent de tenir une semaine à 5).

J-6

Aujourd’hui, nous sommes Dimanche, alors laissons-nous réconforter par Le Livre. Encore une fois, la référence n’est pas récente : le psaume 121 est écrit par David aux alentours du 10ème siècle avant Jésus-Christ (datation très approximative).

J’aime le lire len-te-ment et revenir à la première ligne en cours de lecture :

  • Je lève… Quel est mon rôle dans « mon secours »
  • Les montagnes… leur air pur, leur vue panoramique, l’horizon qui s’élargit. Comment étaient le mont Sinaï, le mont des Oliviers, et encore il y a 15 jours avec Elie le Mont Horeb ? La Bible rapporte de nombreux événements qui se produisent sur une montagne. Quelle échelle pour les gravir ?

Psaume 121(120) – Le gardien d’Israël

Cantique pour les montées.

Je lève les yeux vers les montagnes :
mon secours, d’où viendra-t-il ?
Mon secours viendra de Yahvé,
qui a fait le ciel et la terre.

Qu’il ne laisse chanceler ton pied !
  qu’il ne dorme ton gardien !

Vois, il ne dort ni ne sommeille,
   le gardien d’Israël.

Yahvé est ton gardien, ton ombrage,
   Yahvé à ta droite.
De jour le soleil ne te frappe,
   ni la lune en la nuit.

Yahvé te garde de tout mal,
   il garde ton âme.
Yahvé te garde au départ, au retour,
   maintenant et à jamais.

PS : Pensez à vos solaires avant de lever les yeux.

J-7

Louons la très Sainte Vierge Marie, toujours présente pour nous apporter ce dont nous avons besoin, avec l’aide de Saint Bernard de Clairvaux que nous fêtions il y a quelques jours.

Saint Bernard de Clairvaux est mort en 1153. Ah oui, quand même… Il a presque mille ans ; pas très modernes mes références je vous le concède… pourtant cette merveilleuse prière Mariale est tellement actuelle.

Elle a été mise en musique par la communauté de l’Emmanuel. A écouter ici

Ci-dessous la prière originale.

« Lorsque vous assaillent les vents des tentations,
lorsque vous voyez paraître les écueils du malheur,
regardez l’étoile, invoquez Marie.

Si vous êtes ballottés sur les vagues de l’orgueil, de l’ambition,
de la calomnie, de la jalousie,
regardez l’étoile, invoquez Marie.

Si la colère, l’avarice, les séductions charnelles
viennent secouer la légère embarcation de votre âme,
levez les yeux vers Marie.

Dans le péril, l’angoisse, le doute,
pensez à Marie, invoquez Marie.

Que son nom ne quitte ni vos lèvres ni vos cœurs !
Et pour obtenir son intercession, ne vous détournez pas de son exemple.

En la suivant, vous ne vous égarerez pas.
En la suppliant, vous ne connaîtrez pas le désespoir.
En pensant à elle, vous éviterez toute erreur.

Si elle vous soutient, vous ne sombrerez pas ;
si elle vous protège, vous n’aurez rien à craindre ;
sous sa conduite vous ignorerez la fatigue ;
grâce à sa faveur, vous atteindrez le but.

Ainsi soit-il. »

 

J-8

Aujourd’hui, retour à l’essentiel. A ce qui devrait être le fondement de toutes nos vies. En réalité à ce qui DOIT être le fondement de nos vies : placer l’Homme et par lui Dieu au centre de tout.

Message clair, écrit simplement, avec des mots compréhensibles…
Facile à lire ;
Possible de penser que cela est juste ;
Pour la mise en pratique… nous avons encore tellement tellement tellement de chemin.

Alors EN ROUTE !

Des hommes à aimer de NAZIM HIKMET

Ne vis pas sur cette terre
A la façon d’un locataire
Ou bien comme villégiature
Dans la nature.

Vis dans ce monde
Comme si c’était la maison de ton père.

Crois aux grains,
A la terre, à la mer,
Mais avant tout, crois à l’homme.

Aime le nuage, la machine et le livre,
Mais avant tout, aime l’homme.

Que tous les biens terrestres
Te prodiguent la joie.
Que les quatre saisons
Te prodiguent la joie.

Mais avant tout, que l’homme
Te prodigue la joie !

 

Joie fraternelle sur vous tous