Notre épopée pour Dakar

A peine arrivés, l’Afrique nous livre déjà de grands conseils de sagesse…

Levés à 5h, partis à 6h. Jusque-là tout va bien.

6h01 : Arrêt d’urgence et demi-tour : nous avons oublié les sandwiches dans le frigidaire du foyer.

Nous décollons finalement, et très bien conduits par le chauffeur Mengo, arrivons à Dakar sans encombre. La route commence par une nationale, la N1. Celle-ci est empruntée par des voitures, des bus et des camions. Comme tous ne roulent pas à la même vitesse, chacun se double en trombe pour éviter les voitures d’en face. Heureusement la route est droite et de bonne qualité (elle a été refaite voici 2 ans environ). Aux abords des villes, la vitesse moyenne diminue fortement en raison des charrettes à cheval et piétons qui envahissent la chaussée. A environ 60km de Dakar, nous empruntons une autoroute, fraichement construite (Eiffage encore), en très bon état et conforme aux standards européens, avec de nombreux ouvrages d’évacuation d’eau et de terrassement. Il y a un 3 péages pour arriver à Dakar, ce qui explique que peu de véhicules l’empruntent, préférant la nationale gratuite. Un des moyens de transport assez utilisé est le « 7 places ». Il s’agit de vieux breaks Peugeot 404 pouvant transporter 7 personnes et de nombreux bagages sur le toit. Quand on prend un « 7 places », on a un prix défini pour le trajet souhaité, la voiture ne part que quand elle est pleine. Elle s’arrête de gare routière en gare routière (il y en a 1 ou 3-4 par ville, selon la taille du village ou de la ville). Si les passagers veulent prendre l’autoroute, ils peuvent décider de se cotiser pour payer le péage. Sinon, le « 7 places » emprunte la nationale.

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Arrivés à Dakar, nous faisons nos démarches avec l’ambassade sans encombre, puis une course pour Brigitte au marché Sandaga, enfin un peu de tourisme : nous visitons la Grande Cathédrale, le chauffeur nous fait voir la Corniche.

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`Nous déjeunons dans un petit restaurant Ivoirien et les enfants ont le droit de boire du coca ! Qu’ils sont contents ! On nous donne la carte, mais seul 1 plat est cuisiné aujourd’hui. Nous craignons qu’il soit trop épicé pour les enfants et demandons donc du poulet grillé sans épices et des frites. Ensuite, les enfants se dégourdissent les jambes sur une grande aire de jeux de la Corniche (un panneau indique qu’elle est offerte par le gouvernement chinois).

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Enfin, nous démarrons notre 2ème objectif de la journée : récupérer notre bidon.

Il s’agit d’un grand bidon de 220 litres dans lequel nous avons mis nos affaires et que Louis a donné à Ypson, monsieur Bidon en France. Le bidon voyage par bateau : dans une péniche d’Aubervilliers au Havre, puis dans un porte-container jusqu’à Dakar. Durée du trajet : 5 ou 6 semaines. Louis l’a donné le 12 Août. On nous a appelé la veille pour nous prévenir que notre bidon était arrivé et disponible.

On ne le sait pas encore, mais nous voilà parti dans une aventure rocambolesque.

Il faut déjà trouver le dépôt : pas d’adresse, juste un quartier, ensuite on demandera aux personnes de nous indiquer le dépôt de bidon. On finit par trouver. Accueillis très gentiment, on nous montre le dépôt, mais de bidon nous ne voyons pas la couleur. Le monsieur est très embêté, il appelle sa mère. Nous attendons environ 20 minutes que la maman arrive. Là elle nous explique qu’elle a bien reçu notre bidon mais qu’elle a eu peur car elle a vu une lumière allumée dans le bidon (et nous montre en effet une photo de notre bidon de nuit, on voit clairement la lumière allumée dedans). Elle a eu peur qu’il s’agisse d’une bombe et a donc refusé de mettre notre bidon dans son dépôt, elle l’a laissé dehors dans la rue avec un gardien et de nombreux autres bidons, pas non plus dans le dépôt – car le dépôt est déjà rempli à ras bord d’une quantité d’objets hétéroclites (sièges de kiné, colis en tout genre, vélos, frigo, clim, pneus…), soit dit en passant.

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Bref, la maman passe de nombreux coups de fil, attend, tourne en rond et finit par nous expliquer que ce matin, un gros client est passé récupérer ses bidons et a embarqué le nôtre par erreur. On ne sait pas si c’est du lard ou du cochon, entre temps des hommes débarquent dans la boutique surchauffée, sans ventilateur, et discutent avec Baptiste… on se demande dans quel monde parallèle on est.

Louis appelle notre correspondant bidon en France qui semble fort embêté par cette situation. Il demande à parler à Monsieur Bidon du Sénégal (MBS), les téléphones passent de mains en main entre Louis, MBS, la maman… Bref, on ne comprend pas tout, ils parlent très peu Français.

La maman finit par nous proposer d’aller chez le gros client et de prendre directement notre bidon : on suivra MBS. On accepte et nous voilà partis. On roule, on roule, on fait fréquemment 1/2 tour car les flaques bloquent les rues et après environ 30 minutes, on arrive dans le quartier de Pikinn. Là plusieurs stops sont nécessaires pour demander la direction et on finit par arriver dans la boutique du gros client. Mais… Celui-ci a rangé les bidons dans une pièce fermée à clef et est parti au travail. Il ne sera de retour que ce soir (et nous ne pouvons pas l’attendre car la route du retour est longue). MBS semble embêté, nous ne le sommes pas moins, et on commence à se demander si tout ça n’est pas une grosse arnaque…

MBS nous propose de rentrer à Kaolack, il ira chercher le bidon ce soir et le mettra sur un camion mercredi et il nous donnera le numéro du chauffeur pour que nous récupérions notre bidon à la gare routière de Kaolack. Nous n’avons pas d’autre choix que d’accepter, mi-figue mi-raisin.

Mercredi matin, MBS nous confirme qu’il a récupéré notre bidon. On commence à reprendre espoir.

Mercredi midi il nous envoie le numéro d’un chauffeur et nous annonce une arrivée vers 16h.

Mercredi 17h, finalement l’arrivée est retardée, 19h est espéré.

Mercredi 18h, le bidon arrivera bien dans 1h. Problème : le chauffeur sera dans une autre gare routière que celle que nous connaissons, impossible de discuter avec lui, car il ne parle pas un mot de français… Finalement Louis embarque d’urgence le gardien du foyer qui lui parle Woolof. Ils arrivent tous deux à la bonne gare routière, retrouvent le bidon et le chargent dans la voiture.

Voilà…

Tout est bien qui finit bien : à peine arrivé, on ouvre le bidon et on sort l’Apaisyl tant attendu qui soulagera un peu Alice et Baptiste de leurs piqûres de moustiques.

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Bilan :

Conseil africain 1 : Accepter de ne plus maitriser le temps.

Conseil africain 2 : Faire confiance, même sans contrat, l’oralité règne ici en maître.

Bise bidonnante à tous !

Amélie et Louis

PS : la lumière dans le bidon, n’était évidemment pas une bombe, mais un jouet des enfants qui s’est allumé pendant le trajet…

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